Par Berninie Massamba
Les militants de la société civile congolaise, empêchés de manifester par un régime d’autorisation jugé abusif, dénoncent une répression systématique de leur liberté d’expression.
Depuis plusieurs années, les organisations de la société civile en République du Congo ne sont pas autorisées de manifester pacifiquement par les autorités préfectorales. La quasi-totalité de leurs demandes sont rejetées.
« Ici, dans notre pays, tout est fait pour être bloqué. Pour pouvoir manifester, vous ne devez pas annoncer ou informer. Ils ont besoin que vous demandiez une autorisation alors que dans d’autres pays, il suffit d’aviser la préfecture à une date donnée. Et c’est à la préfecture de prendre les mesures nécessaires pour encadrer la manifestation« , a indiqué l’un des membres de l’Association des jeunes de l’espérance (AJE), Castellin Cédric Mbalou
« Mais malheureusement, chez nous, il faut carrément demander une autorisation. Autorisation qui, si elle ne soutient pas les actions du Président de la République, n’est jamais accordée« , a-t-il ajouté.
« Réprimer les voix dissidentes »
Selon ces OSC, les raisons évoquées par les autorités sont principalement liées à la préservation de l’ordre public. Cependant, ils affirment que ces arguments sont souvent utilisés de manière abusive pour réprimer les voix dissidentes.
« La raison systématiquement évoquée est le maintien de l’ordre public. Or, nous ne sommes ni des militaires, ni des acteurs politiques. Nous essayons simplement d’exprimer notre opinion sur certaines politiques menées par l’État. La question la plus récente portait sur la supposée cession de terres à la République du Rwanda pour la culture du ricin. À ce moment-là aussi, nous avions demandé à manifester pour dire non, mais nous n’avons pas été autorisés« , a déclaré Maixent Fortunin Agnimba-Emeka, Coordonnateur général du Forum pour la Gouvernance et les Droits de l’Homme.
Face à ces multiples refus, plusieurs organisations ont trouvé des alternatives pour se faire entendre, telles que les conférences de presse, les lettres ouvertes et les notes de position. Ces méthodes permettent d’exprimer leurs revendications mais elles ont une portée limitée.
« Régime d’autorisation préalable »
Tous les intervenants s’accordent à dire que la loi actuelle sur les manifestations, notamment la loi 62-27 du 16 octobre 1962, qui impose un régime d’autorisation préalable, doit être réformée.
» C’est clair que la liberté de manifester au Congo fonctionne à deux vitesses. D’un côté, vous avez les partis de la majorité qui peuvent manifester, et de l’autre, les partis de l’opposition ainsi que la société civile indépendante qui ne peuvent pas. Ce que nous faisons, ce sont des notes de l’opposition, des conférences de presse pour faire passer notre message. Oui, il y a des moments où nous parvenons à nous faire entendre mais ce n’est pas toujours le cas« , a fait savoir le Coordonnateur général du FGDH.
Bien que la situation reste complexe et difficile pour les défenseurs des droits de l’homme au Congo, ils restent déterminés à faire entendre leur voix.
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